Depuis plus de 10 ans, les Chantiers de l’Atlantique travaillent sur un nouveau projet, avec pour objectif de rendre le domaine de la croisière plus “vert” : des navires de croisière à voile.
Lancé en 2008, le programme Recherche & Développement Ecorizon met tout en place pour augmenter l’efficacité énergétique des bateaux et réduire leur impact environnemental. Le but : des navires 100% propres, sans aucune émission, pour 2050.
Pour atteindre cet objectif, les Chantiers de l’Atlantique se sont penchés sur un nouveau concept unique : des paquebots propulsés grâce au vent.
Le projet “Solid Sail”
“Solid Sail” consiste en la fabrication d’une voile en composite extrêmement robuste. En effet, elle doit pouvoir supporter une charge aussi importante qu’un grand navire de croisière transportant des passagers.
La voile sera composée de panneaux roulants semi-rigides, elle sera hissée et affalée comme un éventail, de manière automatisée, sur un gréement baptisé AeolDrive qui comporte un balestron orientable sur 360 degrés.
Ce balestron permet de régler automatiquement l’incidence de la voile, et donc de réguler la pression aérodynamique sur la voile au fur et à mesure que le vent forcit. Il offre également l’avantage de pouvoir mettre la voile en drapeau sans changer de cap. Enfin, le balestron peut accueillir sur toute sa largeur les panneaux rigides de la voile qui s’y empilent à l’affalage.
Le mât de la Solid Sail est, quant à lui, conçu pour être inclinable à 70° afin de permettre le passage sous les ponts et peut tourner sur 360°, pour s’adapter au vent.
À terme, cette innovation technologique devrait permettre de réduire d’au minimum 40% les émissions de dioxyde de carbone des navires de croisière.
Les participants au projet
Pour cet ambitieux projet, un groupement de 7 partenaires bretons a été formé en 2018, pour épauler les Chantiers de l’Atlantique. Il réunit :
- le centre de recherche ENSTA Bretagne
- G-Sea Design
- Multiplast
- Awentech
- Voilerie Incidence Sails
- Mer Vent
- Ocean Data System
Le coût de la voile technologique “Solid Sail”
Ce projet révolutionnaire et très avancé en technologie a évidemment un coût.
Le budget total s’élève à 18 millions d’euros. Un investissement pris en charge, pour moitié, par les Chantiers de l’Atlantique et par des aides du conseil régional des Pays-de-la-Loire, du conseil régional de Bretagne, de l’Ademe et de l’Europe, pour l’autre moitié.
Quel avenir pour ce projet de navires de croisière à voile ?
Après un an de tests couronnés de succès, avec une voile Solid Sail de 250 m2 et 2 traversées de l’Atlantique, les Chantiers de l’Atlantique ont souhaité, en 2019, valider le projet. Alors que les essais en mer du célèbre navire de croisière à voile Le Ponant prenaient fin, une maquette à échelle réduite (⅕ ème) de la voile Solid Sail de seconde génération et de son gréement à balestron a été installée sur le port de Pornichet pour étudier sa résistance au vent.
Ainsi, à la fin de l’été 2021, un démonstrateur, d’un tirant d’air de 38 mètres, composé d’un mât pliable et d’une voile de 550 m2 sera installé au sol, au sein même du site des Chantiers de l’Atlantique.
Courant 2022, c’est un gréement doté d’un mât de 85 m et supportant une voile d’environ 1.200 m2 qui viendra le remplacer. Il sera placé à l’embouchure même de la Loire, à Saint-Nazaire, et devrait être visible à près de 30 milles au large !
Ce prototype sera donc particulièrement destiné aux armateurs de navires de croisières.
Bientôt des navires de croisière à voile chez les armateurs
La voile Solid Sail est d’ailleurs conçue pour propulser le futur plus grand navire de croisière à voile, encore en cours de projet. Il se nommera Silenseas et sera proposé par les Chantiers de l’Atlantique.
Le navire Silenseas est un navire de croisière hybride qui utilise à la fois la propulsion vélique et des moteurs à bicarburation.
Sur les paquebots Silenseas de 190 et 210 mètres (et 150 cabines), les 3 mâts de 85 mètres chacun ramèneront leur tirant d’air lorsqu’ils seront inclinés. Les 3 voiles de 1200 mètres carrés assureront la moitié de la propulsion. Le navire devrait ainsi avoir une vitesse de croisière entre 15 et 17 nœuds.
Les ventes devraient commencer dès l’été 2021, à destination, en premier lieu, des paquebots de 200 à 250 mètres de long. La propulsion à la voile permettrait de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre et jusqu’à 50% s’ils utilisent d’autres technologies vertes, comme le GNL (Gaz Naturel Liquéfié, un combustible propre déjà utilisé par certains navires comme le Costa Smeralda).
Les avantages de la Solid Sail seraient tellement nombreux qu’elle pourrait également s’adresser à des navires de transport de marchandises ou de grands navires de plaisance.
De nombreux clients armateurs sont intéressés par le projet. En janvier 2020, la compagnie MSC Croisières, cliente de longue date des Chantiers de l’Atlantique, a annoncé sa volonté d’acquérir des unités Silenseas pour sa flotte.
Les Chantiers de l’Atlantique estiment que le premier navire de croisière à voile pourrait prendre la mer en 2025.
Affaire à suivre…
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